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Emmi Whitehorse, Paris (2025)

Inside the White Cube

Emmi Whitehorse

10 Septembre – 8 Octobre 2025

Date

10 Septembre – 8 Octobre 2025

Adresse

White Cube Paris

10 avenue Matignon
75008 Paris

Le paysage était ce que je connaissais le mieux. Mon arrière-cour.1

— Emmi Whitehorse

Les peintures méditatives de paysages d’Emmi Whitehorse émanent d’une vision du monde à la fois autochtone et féministe – ancrée dans le respect de la nature et attentive aux relations harmonieuses entre toutes les formes de vie. Marquant la première présentation de l'artiste en Europe depuis plus de quatre décennies, cette exposition rassemble des peintures et des œuvres sur papier réalisées entre 1986 et aujourd’hui, parcourant le lexique visuel singulier d’Emmi Whitehorse et la relation continue qu’elle entretient avec son héritage culturel en tant que membre de la Nation Navajo.

Née à Crownpoint, au Nouveau-Mexique, en 1957, Emmi Whitehorse a grandi près de Chaco Canyon, un site archéologique majeur qui fut le cœur de la civilisation ancestrale des Pueblos entre 850 et 1250 apr. J.-C., et qui servait de carrefour reliant les communautés autochtones du sud-ouest américain. Son enfance fut nomade, partagée entre les étés au lac Whitehorse – nommé d’après les chevaux blancs de sa famille qui venaient s’y abreuver – et une maison d'hiver à l'ombre du mont Taylor (Tsoodził), un stratovolcan endormi d’une grande importance pour le peuple Navajo. Le lac, entouré de ruines Anasazi et Pueblo, se situait sur une terre parsemée de fossiles, de pointes de flèches et de tessons de poterie. Ces premières rencontres avec des phénomènes naturels et archéologiques se reflètent dans ses peintures, dans lesquelles une symbologie distinctive émerge, servant à saisir à la fois les infimes frénésies de la vie et les vastes cycles cosmologiques et saisonniers.

Étudiante à l'Université du Nouveau-Mexique, Emmi Whitehorse obtient une licence en peinture en 1980, puis un master en gravure en 1982. C'est à cette époque qu’elle rencontre la regrettée Jaune Quick-to-See-Smith, avec qui elle cofonde le Grey Canyon Group – un collectif d’artistes amérindiens créé en 1977, visant à défier les stéréotypes dominants de l’art autochtone. Nourrissant une admiration pour les abstractions Color Field de Mark Rothko et les représentations surréalistes et ornées de Jérôme Bosch, Emmi Whitehorse puise avant tout son inspiration dans la terre, qu’elle aborde dans un esprit de réciprocité et d’équilibre, plutôt que d’extraction. Cette éthique fait écho au concept Navajo du Hózhó, une philosophie holistique signifiant « marcher dans la beauté », qui comprend le maintien de l'élégance, de l’harmonie et de l’ordre à travers la reconnaissance et la pratique constantes de l’équilibre dans tous les aspects de la vie. C’est cette philosophie qui imprègne les toiles d’Emmi Whitehorse, traversant le temps et l’espace, et utilisant la peinture pour réitérer les liens sacrés avec la terre.

S’inspirant de son environnement, elle imprègne chaque peinture d’une palette singulière, entrelaçant des évocations de phénomènes naturels – la poussière soulevée sur les plaines ouvertes, l’arrivée de la pluie, l'éclosion d’une gousse. Dans Rincon Marquez (1987) et Rincon Marquez II (1986), créées pendant les années 1980, passées dans le Connecticut, l’atmosphère des compositions d’Emmi Whitehorse prend un caractère oppressant : des motifs plus grands et plus plats se voient comprimés dans le plan pictural, projetés vers le spectateur, leurs formes se bousculant pour occuper l’espace, faisant référence à la présence écrasante des bâtiments, des routes et de la foule. À son retour dans le Sud-Ouest, son œuvre s'ouvre à nouveau, traduisant une observation mesurée et respectueuse d'un territoire en mutation, articulée par une profondeur spatiale accrue, une tension formelle adoucie et un sens renouvelé de l’équilibre compositionnel.

Dans les œuvres des années 1990, comme Sandstone (1998) et Tsin Tah II (Amidst Forrest) (1992), les tons terreux dominent : des nuances d’ambre brûlé et d’aubergine se dissolvent en larges étendues d’écru pâle, traçant le passage du soleil dont la lumière blanchit et aplatit le paysage à midi. Shallows (2025), avec sa teinte azur, ne renvoie pas à l’eau comme son titre pourrait le suggérer, mais au ciel ouvert au-dessus. Le titre évoque plutôt un désir d’eau – un élément sacré pour les Navajos sous toutes ses formes, de la brume à la pluie.

Ancré dans la culture Navajo, l’art du tissage, selon la tradition orale, réplique la représentation de la terre et le ciel, et capture un instant de création. Les toiles d’Emmi Whitehorse font écho à la structure stratifiée des tissus, commençant par des fonds atmosphériques de lavis vaporeux à l’huile, sur lesquels se superposent et s’entrelacent des configurations symboliques complexes au crayon Conté, au pastel et à la craie. Ces fonds sont en outre interrompus par des formes linéaires précises rappelant les tapis géométriques illusoires que sa grand-mère tissait. C’est au début des années 1990 qu'elle commença à incorporer l’iconographie du tissage, introduisant les outils de sa grand-mère – peignes et bols – comme stimuli visuels pour son lexique glyphique. Dans ses peintures, le tissage est réimaginé à travers un plan pictural fragmenté et complexe, évoquant l’illusion optique, la virtuosité technique et l’affirmation culturelle d’un tapis Navajo habilement tissé.

Par ses changements de profondeur spatiale et son observation mesurée de l’environnement, l'œuvre d’Emmi Whitehorse rappelle l’art de la cartographie. Dans Dream Site (2016), les vastes plaines arides de Chaco Canyon sont représentées par un lavis diaphane d’ocre, sur lequel des motifs organiques abstraits – suggérant des oiseaux, des moutons et des plantes séchées – flottent et s’entrelacent à travers le champ pictural, évoquant la topographie de la terre et le changement des saisons. Bien que ces œuvres ne soient pas des cartes au sens conventionnel, elles peuvent être interprétées comme une forme de cartographie spirituelle, témoignant des pratiques nomades du peuple Navajo et des liens intangibles entre l’individu, la terre et le cosmos.

Nourries par les histoires croisées de la vie humaine et non humaine, les peintures d’Emmi Whitehorse opèrent comme des méditations sur l'échelle temporelle et spatiale. Les motifs organiques qui peuplent ses toiles oscillent entre les vastes échelles de temps géologiques d'un terrain façonné au fil des millénaires et la précision infime d'une gousse prête à éclore. Pollen, air et fossiles deviennent des fragments de composition, reliant les extrêmes du microscopique et du monumental. Cette dualité souligne une subtile sensibilité politique, qui offre un contrepoint aux traditions audacieuses et machistes du genre paysager, et exprime plutôt une insistance sur la gestion du territoire et la préservation de son héritage. L'œuvre de Whitehorse nous renvoie aux sources organiques de la vie qui nous nourrit – un rappel que ‘ce que nous faisons à la terre nous revient’.2


1 Emmi Whitehorse, dans The Land Carries Our Ancestors: Contemporary Art by Native Americans, cat. d'expo., National Gallery of Art et Princeton University Press, 2023, p. 132
2 ‘Emmi Whitehorse Paints the Harmonies of Her Homelands’, National Gallery of Art (25 Juillet 2024)

Vues d'exposition

Sélection d'œuvres

Emmi Whitehorse

Crown Stems, 2008

Emmi Whitehorse

Standwater II, 2004

Emmi Whitehorse

Dream Site, 2016

Emmi Whitehorse

Rincon Marquez, 1987

Emmi Whitehorse

Rincon Marquez II, 1986

Emmi Whitehorse

Shallows, 2025


Biographie

Portrait of Emmi Whitehorse, 2024. Photo: Wendy McEahern

Emmi Whitehorse (née en 1957 à Crownpoint, Nouveau-Mexique) vit et travaille à Santa Fe, au Nouveau-Mexique. Elle est membre de la Nation Navajo. Emmi Whitehorse a obtenu une licence en peinture en 1980 et un master en gravure en 1982 à l’Université du Nouveau-Mexique. Ses œuvres ont fait l’objet d’expositions personnelles au Boulder Museum of Contemporary Art, Colorado (2006) ; au Joslyn Art Museum, Omaha, Nebraska (2001) ; au Tucson Museum of Art, Arizona (1997) ; et au Wheelwright Museum, Santa Fe, Nouveau-Mexique (1991). Le travail d’Emmi Whitehorse a également été présenté lors d'expositions collectives, notamment à la Biennale de Venise, Venise, Italie (2024) ; au Whitney Museum of American Art, New York (2024) ; et à la National Gallery of Art, Washington, DC (2023).


Inside the White Cube


‘Inside the White Cube’ is a series of exhibitions showcasing work by non-represented artists at the forefront of global developments in contemporary art who have not previously exhibited with the gallery.

Launched in 2011 at White Cube Bermondsey in London, the programme has since expanded to the gallery’s other locations.

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